Un workshop d’idéation a mis en avant une demi-douzaine de projets susceptibles d’améliorer la gestion des ressources hydriques au Luxembourg et dans la Grande région.
La gestion durable des ressources hydriques va devenir, au fil des ans, un enjeu majeur pour toutes les économies occidentales. Au Luxembourg, comme ailleurs, les ressources en eau sont sous pression sous l’effet combiné du changement climatique et de la croissance démographique.
Mieux gérer et, surtout, mettre en place des démarches de réutilisation des eaux usées, devient une nécessité pour réduire la pression sur les eaux souterraines et de surface. On estime qu’en Europe, 40% des eaux usées industrielles pourraient être réutilisées.
Très concrètement, réutiliser l’eau dans les procédés industriels, avec ou sans prétraitement, ou utiliser sa température de sortie pour chauffer ou refroidir une autre étape du procédé, permet d’envisager de substantielles économies de ressources. Il en va de même dans le secteur du bâtiment, sans parler de la diminution des risques de pollutions des rivières ou de la biodiversité locale.
C’est autour de ces thématiques qu’une quarantaine d’experts se sont retrouvés, le 10 décembre dernier, à l’occasion d’un workshop d’idéation organisé par Luxinnovation, en partenariat avec le consortium de partenaires du projet Interreg Greater Green +.
Il s’agit du premier des workshops thématiques prévus dans le cadre de ce projet Greater Green +, qui vise à faire de la Grande Région un territoire leader de la transition écologique au service de l’économie circulaire et du développement durable. L’énergie, la construction et rénovation durable, les technologies de recyclage et la bioéconomie serviront de support à des workshops ultérieurs, en 2025.
«L’objectif était de réunir des experts, des universitaires, des usagers et des personnes intéressées par le sujet, afin de générer des idées nouvelles, et de répondre plus précisément à des défis concrets», explique Caroline Holz, Project Engineer chez Luxinnovation.
Si la pertinence de la thématique ne fait aucun doute, la mise en œuvre de projets et de solutions semble plus délicate à appréhender. «Ce qui est ressorti des discussions, c’est que techniquement, tout existe déjà. Mais les retours sur investissement de tels processus de réutilisation des eaux usées sont encore trop incertains, voire lointains, pour susciter un intérêt immédiat. Pourtant, il va bien falloir se préoccuper de la question», résume Caroline Muller, Cluster Manager – Materials & Manufacturing chez Luxinnovation, qui a coordonné l’atelier «Industrie» de ce workshop. Il faut dire que l’eau, en tant que matière première pour les industries, n’est pour le moment pas chère comparée à son traitement et aux installations nécessaires à son traitement.
À terme, nous serons tous obligés d’économiser les ressources en eau. Autant avoir les bons reflexes maintenant.
Charles-Albert Florentin, Luxinnovation
Un des enseignements majeurs a, par ailleurs, été que toutes les problématiques sont très spécifiques et nécessitent, de fait, une réponse spécifique. Il n’est guère envisageable de dupliquer et reproduire des process qui fonctionneraient ailleurs. «Adapter les solutions disponibles aux systèmes déjà existants n’est pas toujours possible. Le réseau d'eau n’est pas toujours en bon état et il n’est pas toujours cartographié», ajoute Mme Muller.
Les discussions de ce groupe de travail ont permis d’identifier trois grands défis d’ordre technique (comment adapter les technologies vertes existantes pour la réutilisation de l'eau aux usines viellissantes), individuel (comment optimiser la consommation d'eau au sein d’une même entreprise) et collectif (comment gérer les eaux usées d’une zone industrielle).
Il en est ressorti trois idées de projets :
«À terme, nous serons tous obligés d’économiser les ressources en eau. Autant avoir les bons reflexes maintenant», prévient Charles-Albert Florentin, Cluster Manager – CleanTech chez Luxinnovation, en charge de la coordination de l’atelier «Construction» de ce workshop.
Trois défis majeurs ont été relevés dans ce secteur d’activité à savoir démontrer la rentabilité des processus circulaires en matière d’eau; atteindre le risque zéro en terme de contaminations (définir les paramètres physico-chimiques de l’eau par type d’usage, réaliser des analyses de cycle de vie des technologies, effectuer des contrôles qualité systématiques…); et permettre une gestion efficace des opérations, depuis la formation en amont jusqu’aux monitoring et aux prises de responsabilités.
Il en a résulté quatre propositions de projets concrets :
«D’une certaine façon, c’est maintenant que tout commence, car il faut désormais que des acteurs directement concernés s’emparent de ces thématiques et portent ces projets», prévient Charles-Albert Florentin. Une ambition qui s’inscrit parfaitement dans la philosophie du projet Interreg Greater Green + d’optimisation des ressources et d’accompagnement dans la lutte contre le changement climatique.