Deux jours de conférences et d’échanges organisés par la Chambre luxembourgeoise des députés et le FNR ont permis de passer en revue les grandes tendances sociétales et économiques qui façonneront l’avenir. Sasha Baillie, la CEO de Luxinnovation a été une des intervenantes ayant identifié les défis et les opportunités auxquels le Luxembourg sera susceptible d’être confronté dans les prochaines années.
À l’initiative de la Chambre des députés et du Fonds national de la Recherche, le Cercle-Cité à Luxembourg a accueilli l’événement «Mégatendances 2050: Concevoir le futur par la prospective scientifique».
Une conférence sur deux jours qui a réuni chercheurs, décideurs politiques et économiques, autour d’une même idée : l’avenir et la façon de l’aborder.
«Issu de la prospective effectuée dans le monde des assurances et de l’audit, le concept de ‘mégatendance’ s’est progressivement généralisé et a atteint la sphère de la décision politique. Il y côtoie les méthodes de prospectives géostratégiques plus classiques», explique Fernand Etgen, le président de la Chambre des députés du Luxembourg.
C’est, du reste, précisément l’exercice auquel se prête actuellement le pays avec les travaux que mènent le ministère de l’Économie et sa direction de prospective stratégique «Luxembourg Stratégie».
«La recherche, le dialogue et l’échange d’idées nous permettront certainement d’identifier aujourd’hui ce qui pourra nous servir demain», explique-t-il.
Cette conférence a marqué la fin de la troisième édition du programme «Pairing Scheme - Politics meets Research» élaboré par le Fonds national de la Recherche (FNR), afin de rapprocher députés et chercheurs. «Nous souhaitons développer une meilleure compréhension mutuelle de leurs activités et efforts respectifs», explique Marc Schiltz, le secrétaire général du FNR.
«Les scientifiques et les hommes et femmes politiques ont des rôles complémentaires à jouer dans la société. Mais en fin de compte, c’est à ces derniers qu’il revient de prendre les décisions. Nous sommes convaincus que les meilleures décisions sont celles qui reposent sur des données et des connaissances de pointe. C’est justement là que les chercheurs peuvent fournir des conseils importants dans leurs domaines d’expertise», précise-t-il.
Comme l’a rappelé Cat Tully, co-fondatrice et directrice de la School of International Futures, le plus grand danger dans une époque de turbulences, ce n’est pas la turbulence elle-même. C’est le fait de vouloir agir avec la logique d’hier. «Les signaux existent! ils sont partout autour de nous. C’est ça ce que nous appelons les mégatendances. Le problème n’est pas de les détecter, mais d’agir de manière adéquate et de savoir les intégrer dans les prises de décision.»
Quelles que soient les définitions apportées à ces mégatendances, elles tournent généralement toutes autour des grands sujets de société que sont le changement climatique, les ressources et l’environnement, la démographie, ou encore les technologies et leur gouvernance.
«Derrière toutes ces mégatendances, il y a des scénarios alternatifs», assure Mme Tully. «C’est à chacun de façonner cet avenir. Pour cela, il y a deux approches possibles: soit on ajoute des décisions les unes après les autres, soit on procède à une vraie transformation. Et pour transformer, il faut impérativement tenir compte de trois ingrédients fondamentaux : l’agenda technocratique dans les institutions, la démocratisation des débats sur l’avenir en impliquant davantage les citoyens et le soutien des décideurs dans leur prise de décisions qui soient justes pour les générations actuelles, mais aussi les futures.»
Toutes ces mégatendances ont un point commun: elles ont, et vont avoir, un impact global, et plus particulièrement sur l’économie et l’entreprise. Dans ce contexte, le rôle d’une agence de l’innovation, telle que Luxinnovation, est de pouvoir anticiper ces tendances, d’identifier celles qui impactent le plus le pays, puis de supporter la mise en œuvre de projets innovants en réponse à ces mégatendances. Avec pour objectif de préparer au mieux l’économie et les entreprises au monde de demain.
«Les changements qui se profilent peuvent être sources de craintes et d’appréhension pour tout entrepreneur ou dirigeant d’entreprise», a expliqué Sasha Baillie, la CEO de Luxinnovation. «Nous sommes convaincus que l’innovation est un moyen fondamental qui peut apporter une partie des solutions aux problèmes rencontrés, en intégrant de la nouveauté dans les pratiques, et notamment dans le fonctionnement des entreprises et de l’économie, face à tous ces changements.»
Fin 2022, la plateforme Megatrends Hub de la Commission européenne, a identifié pas moins de 14 mégatendances cruciales pour l’avenir de l’Europe.
«Par mégatendances, on entend des forces structurelles du changement, qui auront à l’avenir des impacts sociaux, économiques et politiques forts», précise Sara Bouchon, Director Market Intelligence chez Luxinnovation. Souvent, ces processus, irréversibles, prennent du temps. Tout l’enjeu est de repérer ceux qui seront vraiment pertinents pour notre futur ».
Dans le cadre de l’événement «Mégatendances 2050: Concevoir le futur par la prospective scientifique», Mme Baillie a plus précisément cité comme exemple trois mégatendances que le Luxembourg adresse, en œuvrant à la fois pour la mise en place de projets structurant, bénéficiant à l’ensemble de l’économie, et en accompagnant les entreprises dans leurs propres projets innovants :
«Reconnaître et anticiper les défis et les opportunités de ces mégatendances est un élément-clé pour les entreprises et l’économie, en vue de créer l’économie digitale, compétitive et durable de demain», a précisé Mme Baillie.
Et de rappeler, en citant Steve Jobs, que «l’innovation est la capacité à voir le changement comme une opportunité plutôt que comme une menace.»