Dans le cadre de la conférence «Mégatendances 2050: Concevoir le futur par la prospective scientifique», Sasha Baillie, la CEO de Luxinnovation, a passé en revue quelques-unes de ces mégatendances et la façon dont le Luxembourg s’attaque à ces défis. Deuxième volet: le changement climatique et raréfaction des ressources.
Lors de la récente conférence «Mégatendances 2050: Concevoir le futur par la prospective scientifique», Sasha Baillie, la CEO de Luxinnovation, a évoqué les récentes publications du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Celles-ci le répètent inlassablement: le réchauffement de la planète atteindra 1,5°C dès le début des années 2030.
En 2020 déjà, Luxinnovation a réalisé sa propre analyse des principales tendances de marché post-Covid-19, en captant les points de vue des entreprises et des acteurs de l’économie luxembourgeoise. «Quatre grands axes en sont ressortis», rappelle Sara Bouchon Director Market Intelligence chez Luxinnovation. «L’urgence de relever, au niveau économique, les enjeux liés à la fois à la durabilité, à la digitalisation de l’économie, à la revue des modèles d’affaires des entreprises et à la résilience.»
Ce rapport a tout particulièrement mis en lumière la question de la disponibilité des ressources et de l’importance de repenser nos chaînes de valeur régionales. Au vu de l’importance du secteur de la construction, qui représente près de 6% du PIB national et qui a été fortement marqué par la rupture des chaines d’approvisionnement et par une envolée des prix des matières premières, Luxinnovation s’est focalisée sur ce secteur en identifiant des voies qui permettront de valoriser davantage des matériaux présents dans notre écosystème, mais qui restent insuffisamment valorisés de manière circulaire et régionale.
Suite à cette analyse, Luxinnovation s’est engagée sur plusieurs projets structurants. C’est le cas, par exemple, de la plateforme e-holzhaff lancée en 2022. Ce projet est né du constat que, trop souvent, le bois des forêts luxembourgeoises est acheté par des compagnies étrangères pour être ensuite transformé avant de revenir au Luxembourg sous la forme de produits finis. Cela induit un coût écologique énorme pour le transport et la dispersion de nos propres matières premières.
Il y a encore beaucoup de potentiel et nous continuons à nous mobiliser pour élargir son usage.
Sasha Baillie
La plateforme e-holzhaff est une place de marché digitale qui vise désormais à faciliter la mise en relation de l'offre et de la demande des acteurs relevant du secteur du bois au Luxembourg et en Grande Région, optimisant ainsi la chaîne de valeur. À ce jour, plus de 6.000 visiteurs ont consulté cette plateforme, environ 400 produits y ont été référencés et rendus disponibles. «Il y a encore beaucoup de potentiel et nous continuons à nous mobiliser pour élargir son usage», a indiqué Mme Baillie.
Luxinnovation travaille également avec le ministère de l’Économie, le ministère de l’Aménagement du territoire (en charge de la construction durable) et le ministère de l’Environnement sur la mise en place d’une plateforme de déconstruction. Il s’agira à la fois d’une plateforme digitale et physique, et qui permettra de pouvoir réutiliser localement les matériaux issus de la démolition de bâtiments, accélérant ainsi une plus grande circularité des matériaux dans ce secteur.
«Ces exemples de projets structurants dans l’écosystème tiennent compte de problèmes auxquels plusieurs acteurs font face, mais qu’aucun parmi eux seul pourrait résoudre», précise Mme Baillie. «Or, nous intervenons aussi au niveau des entreprises, de manière individuelle, pour les aider à aborder leur transition écologique. Il n’est pas simple, surtout pour les PME, de savoir par où commencer. C’est pourquoi Luxinnovation a lancé le programme Fit 4 Sustainability.»
Ce programme aide les entreprises à réaliser un diagnostic de leur impact environnemental, à l’aide de consultants spécialisés, présélectionnés sur base de leurs expertises respectives, dont le coût est co-financé par le ministère de l’Économie. «Ces diagnostics permettent aux entreprises de comprendre, par exemple, où elles en sont dans leur consommation énergétique, d’eau, de circularité des ressources. Cela aboutit à la mise en place d’un plan d’action, une feuille de route, visant à réduire leur impact environnemental, mais également à réduire leurs coûts et ainsi entrer dans une démarche d’innovation qui les rendra plus compétitives et durables.»